Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : L'actu de l'Amérique latine
  • : Bienvenue sur le blog de l'actu de l'Amérique latine. Economie, politique, culture, environnement : les analyses de votre blog latino.
  • Contact

Le livre

Simon Bolivar
La conscience
de l'Amérique

Editions Toute Latitude
192 pp. - 17,80 €
Commander le livre
Les lettres et discours politiques essentiels du Libertador : la porte d'entrée désormais classique dans l'univers de Simon Bolivar et dans la pensée politique contemporaine en Amérique latine. Traduit et présenté par Laurent Tranier.

Recherche

Partenaires

Le blog de l'actu de l'Amérique latine, en partenariat avec :
.Les Editions Toute Latitude

19 novembre 2024 2 19 /11 /novembre /2024 10:27

Latinomag.fr est partenaire d'Opinion Internationale, "le média des décideurs engagés au cœur de l'actualité"

Le voyage d’Emmanuel Macron en Amérique latine à l’occasion du sommet du G20 de Rio les 18 et 19 novembre 2024 a commencé par une visite officielle en Argentine. Il ne faut pas s’y tromper : c’est aujourd’hui le pays dirigé par Javier Milei qui a le vent en poupe, et la France et l’Europe qui sont demandeurs…

Le spectaculaire redressement de l’Argentine est tout entier à mettre au crédit de Javier Milei. Rappelons que lors de son arrivée à la Présidence de la République argentine le 10 décembre 2023, le pays souffrait d’hyperinflation, d’un déficit abyssal et incontrôlé des finances publiques et se trouvait une nouvelle fois au bord de la cessation de paiements. Aujourd’hui, l’inflation est presque maîtrisée, le budget de l’État est en excédent et le pays a retrouvé son crédit international, notamment auprès de son premier créancier, le FMI. Certes, ce redressement ne s’est pas fait sans coupes sombres dans les dépenses et grincements de dents dans les secteurs naguère chéris du clientélisme péroniste. Mais le capital politique de Javier Milei, un an après sa confortable élection avec 55% des voix, reste quasiment intact avec plus de 40% d’approbation de son action dans l’opinion publique, et une capacité étonnante à nouer des alliances pour faire passer ses projets alors que les troupes issues de son tout nouveau parti sont encore très minoritaires au Parlement.

Emmanuel Macron, qu’il a reçu ce 17 novembre, se trouve pour sa part dans une situation pour le moins contrastée. Alors que 2024 restera comme l’année du génie français capable d’organiser les plus extraordinaires Jeux olympiques de l’histoire et de reconstruire la cathédrale Notre-Dame en un temps record, ce sera sur le plan politique l’annus horribilis du macronisme, défait dans les urnes, détricoté dans son acquis timidement libéral et en échec dans son principe même du « en même temps ». Son hôte argentin Javier Milei, avec lequel les positions idéologiques ne sont pas forcément très éloignées sur le plan de l’économie, est, sur celui de la méthode, l’exact contraire de l’entre-deux du macronisme, lui qui a symbolisé sa volonté de prendre des positions tranchées un adoptant comme emblème de campagne… la tronçonneuse.

Ne pas nous prendre pour ce que nous ne sommes plus…

Alors que l’Élysée se présentait avec son petit ton paternaliste à la Casa Rosada, et la volonté affichée de ramener une Argentine, qui se serait égarée, « vers les objectifs du G20 », il faut bien reconnaître aujourd’hui que le grand frère n’est peut-être pas celui que l’on croit. Le président argentin, qui résout à marche forcée les problèmes de son pays et se positionne clairement dans le bloc occidental, assume une idéologie libertarienne qui se caractérise par une recherche de l’efficacité économique, préalable à toute politique publique. Il se trouve conforté à la fois par les résultats qu’il obtient et par l’élection de Donald Trump, alors qu’il a pris soin de cultiver sa proximité avec Elon Musk. Javier Milei est ainsi en train d’apporter la preuve que la spirale déclinisme / dépense publique clientéliste / augmentation des impôts / stagnation économique / déprime… n’est pas une fatalité.

Sur la scène internationale comme sur le plan national, Emmanuel Macron, qui semble souhaiter prendre du recul et de la hauteur pour reconstituer une part du capital politique dont la France et l’Europe auront bien besoin jusqu’en 2027, doit d’abord faire la preuve de son utilité.

De sa visite officielle en Argentine, suivie du sommet du G20 à Rio puis de sa visite au Chili, doit résulter un renforcement des liens concrets avec le sous-continent latino. L’heure n’est pas aux leçons mais bien au rapprochement avec une région qui partage largement les mêmes valeurs démocratiques et libérales que l’Europe, et dont nous avons tout intérêt à rester un allié stratégique proche.

La France semble l’une des rares à même de jouer ce rôle de passeur à l’heure où la relation entre l’Espagne et l’Amérique latine souffre d’un passé colonial qui resurgit au gré des intérêts plus ou moins légitimes de tel ou tel acteur.

… et contribuer à l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR

Plus que jamais, la signature du traité de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) s’avère nécessaire pour la France et pour l’Europe : développement du commerce et renforcement de notre excédent commercial alors que la stagnation économique menace, accès à des matières premières stratégiques, renforcement d’une proximité idéologique et culturelle à l’heure de la montée des menaces géopolitiques… Les arguments ne manquent pas et les contre-arguments sont surmontables : seule une partie du secteur agricole français s’inquiète de l’augmentation de quotas d’importation, un peu vite qualifiée de « massive », dans certains domaines (les volailles, mais l’Europe n’est pas autosuffisante, le sucre, le miel ou la viande bovine : mais sur ce dernier point il ne s’agit par exemple que de la possibilité de porter, en 10 ans, les importations à… 1,2% de la consommation européenne). A contrario, le secteur des vins, spiritueux, celui des fromages et de nombreux produits sous signe officiel de qualité verront s’ouvrir de belles perspectives commerciales. Avant d’entamer le travail de pédagogie auprès des parlementaires et de l’opinion française après la période de fièvre des élections des Chambres d’agriculture qui se terminera le 31 janvier 2025 – tâche qui s’annonce longue et complexe dans un pays qui tourne de plus en plus sur le dos à Descartes pour se complaire dans le déni économique et la démagogie – Emmanuel Macron doit avancer avec nos partenaires sud-américains vers les conditions qui rendront possible cet avenir commun avec le Mercosur.

Le succès ou l’échec de ce voyage diplomatique sera ainsi mesuré dans quelque mois, à l’aune de la capacité qu’aura eue Emmanuel Macron à faire avancer les pays du Mercosur vers l’accord de Paris sur le climat et le respect des normes sanitaires européennes en matière de production agricole. Les milliers d’entreprises françaises et européennes, ainsi que leurs salariés, qui retrouvent le chemin du sous-continent et l’espoir de nouveaux marchés prometteurs attendent avec anxiété des résultats. Encore un peu de patience, et nous saurons si l’Europe et le Mercosur peuvent envisager un avenir commun… ou si la Chine, qui pousse ses pions sans scrupules dans la région finira aussi par nous évincer comme elle est en train de le faire avec les États-Unis.

Laurent TRANIER
Chef de rubrique Amériques latines d'Opinion Internationale, fondateur des Éditions Toute Latitude

À lire aux Éditions Toute Latitude, La femme, ennemie de la femme, d’Alfonsina Storni, collection « Esprit latino », septembre 2024.

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2023 1 11 /12 /décembre /2023 15:22

Latinomag.fr est partenaire d'Opinion Internationale, "le média des décideurs engagés au cœur de l'actualité"

  Javier Milei a été investi Président de la République argentine ce 10 décembre 2023, en présence de nombreux chefs d’États – parmi lesquels le président ukrainien Volodimir Zelensky.

  Ces derniers jours, le nouveau chef d’État argentin a envoyé des petits cadeaux à nombre de ses homologues du monde entier. S’il semble s’être quelque peu assagi depuis sa flamboyante (jusqu’à l’excès) campagne, il reste fidèle à sa passion de toujours, qui est probablement le plus petit dénominateur commun à l’ensemble de l’humanité : le football.

  Emmanuel Macron, lui-même supporter revendiqué de l’Olympique de Marseille, a ainsi eu la chance de recevoir le maillot dédicacé du club de cœur de Javier Milei, le Boca Junior de Buenos Aires, le mythique club qui a vu l’émergence, entre autres, d’un certain Diego Maradona.

  La dédicace est naturellement accompagnée du slogan qui a conduit Javier Milei jusqu’à la victoire, « Vive la liberté, bordel ! » Relevons qu’il a eu l’élégance de ne pas lui envoyer le maillot de la sélection argentine…

  La photo d’Emmanuel Macron posant avec son cadeau a déjà fait le tour du monde, signe supplémentaire qu’il faut peut-être dépasser l’étiquette « d’extrême droite » qui est un peu vite accolée à Milei. Disruptif il l’est, libertarien certainement, voire ultra-libéral par excès de zèle de campagne si l’on tient absolument à le disqualifier a priori… Nos lecteurs auront lu l'édito du 23 novembre à ce sujet.

Revenons à ce petit cadeau (n’est-ce pas à Macron de lui en adresser un ?)… Passion légitime partagée pour le ballon rond, ou complicité naissante avec le Président français ? Javier Milei vient ainsi de renvoyer aux calendes grecques l’accord de libre-échange UE-Mercosur en discussion depuis 25 ans. Un accord devant lequel Macron traînait des pieds pour ne pas se heurter au lobby agricole français, et commençait à se trouver à bout d’arguments face à la pression de ses partenaires européens…

Laurent TRANIER

www.toutelatitude.com

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 09:09
 

Latinomag.fr est partenaire d'Opinion Internationale, "le média des décideurs engagés au cœur de l'actualité"

Le 19 novembre, 55,7 % des Argentins ont choisi de porter Javier Milei, 53 ans, à la présidence de la République d’Argentine. Il est le candidat le mieux élu depuis le retour de la démocratie en 1983. Son slogan ? « Vive la liberté, bordel ! »

Mais qui est vraiment Javier Milei ? « Anarcho-capitaliste, ultralibéral, d’extrême droite » : c’est le raccourci que font beaucoup de médias à l’heure de le présenter. Il n’a certes pas volé cette caricature que l’on fait de lui-même quand on parcourt la longue liste de ses déclaration toujours fracassantes et souvent scandaleuses. Mais c’est certainement aussi largement réducteur.

Le polémiste, provocateur et économiste

Cheveux hirsutes, regard électrique et ton exalté : Javier Milei est d’abord devenu un phénomène de plateaux télés. Lui-même économiste de bon niveau – il enseigne et conseille des entreprises et des think tanks –, il découvre en 2013 Murray Rothbard, économiste et philosophe politique américain, théoricien de l’école autrichienne d’économie, du libertarianisme et de l’anarcho-capitalisme : pour Milei, c’est une révélation. Il se lance alors dans une croisade culturelle, pour la liberté et contre l’État, pourfend le système politique argentin, ses échecs permanents. Il hurle, insulte, tourbillonne et devient une star des plateaux télés dans les années 2010 en jurant que jamais, ô grand jamais, il ne fera de politique.

L’irrésistible tentation de franchir le Rubicon

Multipliant les propositions et la provocation, il pousse très loin les principes de l’école libertarienne, proposant le remplacement de la monnaie nationale par le dollar, la réduction drastique des dépenses publiques et la suppression de la plupart des ministères, la libéralisation de toutes choses, de la santé à l’éducation, de la vente d’armes à celle des organes… éventuellement celle des enfants, ainsi que l’interdiction de l’avortement. Conscient de sa popularité et de l’intérêt que suscitent ses idées, il crée une marque politique en 2021, « La Liberté avance », avec une offre antisystème qui n’existait pas et se fait élire député en séduisant 17 % des électeurs de Buenos Aires.

Dans la foulée, il se lance dans la candidature à l’élection présidentielle de 2023, en ayant bien compris que ce qui marche, c’est l’outrance, c’est le buzz, c’est d’être au centre de l’attention, que choisir le thème du débat, c’est déjà remporter le débat et qu’en politique… il n’y a pas de mauvaise publicité.

Il a aussi compris que le contexte est très favorable à une proposition radicale qui aboutirait à renvoyer tous ceux qu’il appelle la « caste » dirigeante, ce personnel politique qui a conduit le pays à l’état de pauvreté et de crise économique et sociale permanente dans lequel il se trouve. Le modèle d’État-providence financé à crédit est à bout de souffle, l’inflation (143 % sur un an en octobre) et le taux de pauvreté (supérieur à 40 %) battent des records, le poids des impôts est insupportable pour ceux qui en paient et les allocations sont insuffisantes pour ceux qui en perçoivent (51% de la population). Le péronisme des années Kirchner-Fernandez est un échec.

Et puisqu’on le dit d’extrême droite, il en profite, s’attache un socle électoral conservateur en s’opposant au droit à l’avortement et en prônant le droit à l’autodéfense et à la libre possession d’armes à feu. Il met en doute le réchauffement climatique et minimise les violences d’État de l’époque de la dictature. Il sort la tronçonneuse, au propre comme au figuré, la destinant aux dépenses publiques et devient une star mondiale en s’affichant avec ses quatre chiens clonés sur l’ADN de son ancien compagnon canin trop tôt disparu.

La primaire du mois d’août est un triomphe : il est le candidat à la candidature qui y reçoit le plus de voix (30 %) et devient un possible futur Président sous le regard stupéfait de tous les observateurs.

Le coup de génie de l’entre-deux tours

Dans un premier temps, les résultats du premier tour qui se déroule le 22 octobre jettent un froid parmi ses partisans : il stagne à 30% des suffrages, se trouvant certes qualifié pour le second tour en écartant la candidate d’une droite plus traditionnelle, Patricia Bullrich qui n’atteint que 23,8 % des suffrages. Mais son adversaire, Sergio Massa, ministre péroniste de l’économie, un centriste pragmatique qui surjoue la sobriété et le sérieux face à l’irrationnel, atteint le score inattendu de 36,8 % des voix et semble donc le mieux placé pour l’emporter un mois plus tard.

Sauf que… en quelques jours une alliance est signée avec la droite traditionnelle de Patricia Bullrich et de l’ancien président Mauricio Macri. Javier Milei en est quitte pour reconnaître que ce qui les rapproche – l’antipéronisme – est finalement plus important que ce qui les sépare et il regrette d’être allé un peu loin dans l’insulte… Patricia Bullrich pardonne, sa coalition éclate, mais l’essentiel est là : Javier Milei abandonne ses propositions les plus polémiques – la suppression des ministères de la santé et de l’éducation était bien une plaisanterie, ainsi que le commerce des enfants –, il devient soudainement plus fréquentable et se retrouve au coude à coude avec Sergio Massa dans les intentions de vote pour le second tour.

Pour le reste, il n’a qu’à dérouler son programme de « libération » et attendre des statistiques économiques chaque mois plus désastreuses dont son adversaire, toujours ministre de l’économie, est jugé responsable. À 55,7 %, c’est l’ampleur de sa victoire qui surprend, au terme d’un processus électoral exemplaire. Il est arrivé en tête dans 21 des 24 provinces argentines, séduisant massivement un électorat jeune (« 68 % des 18 à 29 ans émigreraient s’ils le pouvaient », Le Monde, 20 novembre 2023) et plutôt masculin.

Quel président sera Milei ?

Son comportement de showman, sa grossièreté et l’énormité de certaines de ses propositions mais aussi sa culture et son intelligence indéniable sèment en permanence un doute. Certes, ses idées et sa personnalité sont atypiques, mais pense-t-il vraiment toutes les horreurs qu’il prononce ? Depuis le début de son ascension politique, ne se complait-il pas dans un rôle de trublion qui l’a conduit à la Présidence de la République mais qui est désormais incompatible avec l’exercice de cette fonction ?

L’entre-deux tour a montré un Milei assagi et relativement plus discret. Si son parti ne dispose que d’une poignée de soutiens au Parlement, son alliance avec la droite peut lui donner des majorités, mais pas sur des positions extrêmes. Le droit à l’avortement, obtenu de haute lutte en 2020, ne devrait par exemple pas pouvoir être remis en cause.

Dans une région où la nostalgie pour les régimes militaires, du Chili au Brésil, est réelle, l’inquiétude peut naître de sa pratique institutionnelle : il s’est attiré l’électorat des forces de sécurité, mais il n’a pas non plus centré son discours sur les forces armées. Sa violence verbale ne s’est pas dirigée contre les étrangers mais plutôt contre des régimes représentant ce qu’il déteste en politique, englobés sous le vocable de « communistes », comme Lula au Brésil, Maduro au Venezuela qui l’a déjà traité de nazi en guise de félicitations, ou la Chine. Mais au lendemain de l’élection, Lula lui a souhaité « bonne chance » et a ajouté que « Le Brésil sera toujours disponible pour travailler avec nos frères argentins ». Quant à la Chine, premier partenaire commercial de l’Argentine, elle représente un débouché incontournable pour sa production agricole, qui est la principale ressource du pays. Le pragmatisme l’emportera forcément.

L’attente économique et sociale

C’est sur le terrain des réformes économiques que Javier Milei est le plus attendu. Les défis sont immenses, mais c’est aussi probablement là où il pourra compter sur le soutien de ses alliés. Réduire l’État-providence, qui en plus de l’importante aide sociale, subventionne massivement l’énergie, en maintenant des prix artificiellement bas, sera forcément douloureux pour bon nombre d’Argentins. On peut s’attendre à des réactions hostiles des corps intermédiaires d’inspiration péroniste qui restent puissants. Transformer l’économie, relancer l’investissement au point que le développement productif crée les emplois que les Argentins attendent n’est pas un mince défi.

L’urgence est bien la réduction de l’inflation, qui dissuade autant l’épargne que l’investissement, maintient dans la pauvreté et enlève toute perspective. L’Équateur a dollarisé son économie en 2001 : il a supprimé sa monnaie nationale et ne fonctionnent plus depuis lors qu’avec le dollar américain. Bien sûr, le pays est dépendant de la politique de la Fed, la Banque centrale des États-Unis, mais il bénéficie aussi de la force et de la stabilité de la monnaie : finis les problèmes d’inflation… Dollariser entièrement l’économie argentine (elle l’est déjà en grande partie, pour les transactions immobilières ou pour l’épargne par exemple) s’annonce complexe et ne pourra pas se faire sans soutien international. En particulier de la part du FMI, qui est déjà un créancier majeur – et en dollars – du pays.

Face aux défis qui attendent l’Argentine, Javier Milei propose un tournant historique alors que le péronisme, la version argentine de l’État-Providence, a conduit le pays dans une impasse économique et sociale. S’il oublie ses outrances, s’il respecte les institutions et l’État de droit et s’il parvient à équilibrer ses réformes, « la fin de la décadence » qu’il promet est possible. C’est en tout cas l’espoir des Argentins qui lui ont massivement accordé leur confiance.

Et si Milei se révélait plus de la trempe d’un Zelensky, comique devenu Churchill, que d’un Trump ?

Michel Taube et Laurent Tranier, chef de la rubrique Amériques Latines d’Opinion Internationale, fondateur des Éditions Toute Latitude

Partager cet article
Repost0
30 juin 2021 3 30 /06 /juin /2021 16:09

"Ce génial Terrible voyage n’est pas qu’une perle, c’est aussi une introduction idéale au reste de l’œuvre narrative et aux chroniques de celui qui a été l’initiateur (dans les années 1920) de la modernité latino-américaine en littérature, bien avant Gabriel García Márquez, Manuel Puig ou Mario Vargas Llosa qui, tous, ont revendiqué son influence."

Christian ROINAT, qui anime le blog de référence sur la littérature de l'Amérique latine "América Nostra / Nos Amériques" (ANNA) a choisi de chroniquer Terrible voyage, de Roberto ARLT, paru aux Editions Toute Latitude. L'occasion de saluer la précision et la qualité de l'analyse de ce grand passionné... et de relever son enthousiasme pour l'ultime roman de l'Argentin paru dans la collection "Roman latino" de la maison d'édition !

Christian ROINAT a également lu et chroniqué, sur ANNA, Vers le royaume des Sciris, roman historique situé sous l'Empire Inca du Péruvien César VALLEJO également paru aux Editions Toute Latitude : "Ce récit de l’avant-conquête, historique et humain à la fois, nous plonge dans une société à la fois très différente et tout de même proche sous certains aspects de l’Europe de l’époque, jolie création romanesque d’un poète."

Pour en savoir plus : www.toutelatitude.com

Partager cet article
Repost0
13 juin 2021 7 13 /06 /juin /2021 12:09

"Nouveaux Espaces Latinos" a lu Terrible voyage, du génial écrivain argentin Roberto Arlt ! C'est à découvrir sur www.espaces-latinos.org...

Partager cet article
Repost0
6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 17:45

NOUVEAUTE ! Les Editions Toute Latitude poursuivent leur redécouverte des chefs-d'oeuvres méconnus des plus grands écrivains d'Amérique latine avec le roman Terrible voyage de l'Argentin Roberto ARLT (1900-1942).

Terrible voyage nous est rapporté par ce jeune homme qui, fuyant le courroux de ses parents et les poursuites de la Justice, s’est embarqué sur le paquebot Blue Star en compagnie de son cousin. Alors que celui-ci multiplie les prédictions catastrophistes, l’étrange société qui partage cette croisière se trouve emportée dans de drôles d’aventures qui pourraient bien mal se terminer...

Roberto ARLT est né dans le quartier populaire de Flores à Buenos Aires d’un père allemand et d’une mère autrichienne. Marginalisé dans sa famille comme à l’école, il se réfugie dans la lecture et l’écriture. Devenu journaliste après avoir exercé divers métiers, il est l’auteur d’une vaste œuvre qui aborde tous les genres et impose, dès son premier roman, Le jouet enragé (1926) un regard et un style littéraire nouveaux dans les lettres latino-américaines, ancré dans la réalité de la vie urbaine moderne. On peut citer parmi ses autres romans, Les sept fous (1929), Les Lance-flammes (1931) ou La danse du feu (1932), tous disponibles en français.

Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, Julio Cortázar et Jorge Luis Borges ont reconnu son legs éminent à la littérature mondiale et leur dette à son égard.

Terrible voyage, de Roberto ARLT, traduit de l'espagnol (Argentine) par Laurent Tranier, Editions Toute Latitude, collection « Roman latino », juin 2021, 104 pp., 12 € (ISBN : 978-2-35282-054-3).

A redécouvrir : Vers le royaume des Sciris, de César VALLEJO, traduit de l'espagnol (Pérou) par Laurent Tranier, Editions Toute Latitude, collection « Roman latino », janvier 2021, 112 pp., 14 € (ISBN : 978-2-35282-051-2).

Partager cet article
Repost0
17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 15:00

Une inflation qui dépassera 30% en 2018 ; un peso, la monnaie nationale, qui a perdu 50% de sa valeur depuis le début de l'année ; des taux d'intérêt à 60% ; un taux de pauvreté qui remonte à 33% de la population (+3% en quelques mois) ; une aide sollicitée auprès du FMI, honni par la population depuis la crise du début des années 2000 dont la dureté lui est imputée… La situation de l'économie Argentine est préoccupante. Rien à voir pour autant avec le terrible effondrement et le drame humanitaire vécus par le Venezuela où la situation est totalement hors de contrôle. L'Argentine, face à l'adversité, joue la carte de la rationalité et de la transparence : de l'austérité devrait naître une situation économique assainie.

Le poids de l'héritage Kirchner

Les années de présidence de Nestor (2003-2007) et Cristina Kirchner (2007-2015) ont été marquées par la rupture avec les marchés financiers internationaux, l'instauration d'un taux de change fixe et l'utilisation de la rente apportée par l'exportation des matières premières agricoles et des richesses du sous-sol pour une redistribution clientéliste. Moyennant une explosion de la dépense publique, le repli de l'économie sur le secteur primaire et la dégradation de la compétitivité du secteur secondaire (sous-investissement dans l'appareil productif et taux de change surévalué), le taux de pauvreté a été réduit selon un schéma qui n'était pas soutenable dans la durée (indépendamment du système de détournement massif de fonds publics et de corruption qui est aujourd'hui rattrapé par la Justice).

Le nouveau contexte Macri

Porté à la présidence de la République en décembre 2015, l'homme d'affaires et opposant au "kirchnérisme" Mauricio Macri décide une rupture avec la pratique antérieure afin d'éviter à l'Argentine de se retrouver une nouvelle fois dans l'impasse économique, après notamment son spectaculaire défaut de paiement de 2001. Remboursement des créanciers internationaux afin de réintégrer le jeu des marchés financiers et de bénéficier d'investissements extérieurs dans un appareil productif obsolète ; rétablissement des statistiques économiques afin d'inspirer de nouveau la confiance ; fin de la parité fixe imposée au peso face au dollar afin de redonner de la compétitivité-prix à l'export aux produits argentins ; réduction accélérée du déficit public à travers le report d'investissements dans les infrastructures, le limogeage de nombreux fonctionnaires surnuméraires qui avaient été recrutés par la précédente administration sur des critères politiques et à travers la baisse de nombreuses dépenses et subventions publiques...

Le choc, qui était annoncé comme temporaire, a été rude. La fin des importantes subventions à l'électricité, au gaz, à l'essence, dont bénéficiaient tous les Argentins, a provoqué un retour de l'inflation qui rogne le pouvoir d'achat et fait repasser bon nombre d'Argentins sous le seuil de pauvreté. La baisse des dépenses publiques provoque un ralentissement de la croissance (0,4% attendus par la COFACE en 2018 après 2,9% en 2017). La suppression de la fiscalité sur les matières premières à l'export s'est avérée une très mauvaise affaire pour les finances publiques et un nouveau tour de vis a dû être donné aux dépenses de l'Etat… Même si le retour sur les marchés financiers internationaux a été un succès, ce contexte incertain n'a pas favorisé l'investissement, notamment étranger, au niveau escompté (1,3% du PIB tout de même en 2017). L'agitation sociale, la perspective des élections présidentielles d'octobre 2019, les difficultés de son grand voisin et partenaire brésilien ainsi que les menaces sur le commerce international n'ajoutent pas à la sérénité et la visibilité nécessaires aux investisseurs.

Mai 2018 - Le peso dérape

Le succès électoral de la formation de Mauricio Macri aux élections législatives d'octobre 2017 confirme le sentiment que le chemin vers la normalisation et la relance de l'économie argentine prévaut. C'est ainsi un phénomène extérieur qui précipite une mini-crise monétaire à la fin du mois d'avril 2018 : la Banque centrale des Etats-Unis confirme sa politique annoncée de remontée des taux d'intérêts, dans un contexte économique florissant, afin d'éviter une surchauffe de l'économie américaine et de se redonner des marges de manœuvre à la baisse quand la conjoncture se retournera. Conséquence : les placements en dollars sur l'immense dette publique américaine deviennent de plus en plus attractifs et les monnaies des deux grandes économies émergentes les plus fragiles sont frappées des mêmes maux : le peso argentin et la livre turque connaissent une semaine noire, avec une perte de près de 20% de sa valeur en quelques jours pour le peso. Afin de freiner la fuite des capitaux, la banque centrale argentine décide en trois temps de porter ses taux d'intérêts de 30% à 45%. Et le Président Macri annonce qu'il sollicite auprès du FMI une ligne de crédit de 50 milliards de dollars sur trois ans afin de sécuriser le financement de la dette publique argentine.

Le rôle du FMI

La situation se stabilise, au prix d'un ralentissement de l'économie, faute de confiance et face aux nouvelles baisses de dépenses publiques annoncées. Début septembre, nouvelle alerte : Mauricio Macri annonce qu'il va demander au FMI le déblocage anticipé d'une partie de la somme. Il annonce la suppression de 13 ministères sur 23 et le retour d'une taxe sur l'exportation des matières premières agricoles afin de préserver l'objectif de retour à l'équilibre primaire du budget de l'Etat à l'horizon 2020. Pour préserver le peso, la banque centrale annonce que les taux d'intérêt sont portés à 60%.

Quelle Argentine en 2019 ?

L'agitation sociale, face au ralentissement économique, peut-être à une récession facteur de chômage, et face à l'inflation facteur d'appauvrissement, risque de se prolonger dans un pays coutumier de ce phénomène. D'autant plus que le recours au FMI, même si l'institution "n'est plus la même" selon les mots du Chef du Gouvernement Marcos Pena, que celle qui a éreinté le pays au début des années 2000, est particulièrement impopulaire. Pour autant, l'Argentine semble avoir pris des décisions économiques rationnelles et conformes à ses objectifs. Elle bénéficie de la confiance de ses partenaires internationaux et de l'atout que constitue son "expérience", soit sa capacité de résilience économique. L'économie est partiellement dollarisée : l'épargne des Argentins ainsi qu'un certain nombre de transactions importantes en particulier dans l'immobilier se font en dollars. Sur le plan politique, l'adversité au Président Macri n'est pas clairement identifiée sinon sous la forme d'un "kirchnérisme" au bord du gouffre et de la prison. Après une période d'austérité, et sauf important choc externe ou événement imprévisible, les perspectives de moyen terme semblent plutôt favorables.

                                                       Laurent Tranier

                                                       Directeur de la rédaction - www.latinomag.fr

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 10:19

Choiseul-ProblemesAmeriqueLatine82.jpgLa réélection annoncée de Cristina Fernandez de Kirchner lors de la présidentielle du 23 octobre 2011 s'explique par une "décennie K" marquée par une évolution positive de la situation économique et sociale de l'Argentine. Les effets de la profonde crise de 2002 - dévaluation de la monnaie, défaut partiel de remboursement de la dette publique et contraction de plus de 10% du PIB - on en effet été effacés avec une étonnante rapidité. Ce qui pourrait conduire Cristina Kirchner, qui a succédé en 2007 à son époux Nestor décédé depuis, à être réélue dès le premier tour. A condition qu'elle obtienne 45% des suffrages ou 40% des voix avec un écart de 10% sur le candidat arrivé en 2e position (les sondages la situent au-dessus de 50%. Vient ensuite Hermes Binner, autour de... 15%).

C'est sur le présent de "L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise" que revient le numéro 82 d'automne 2011 de la revue Problèmes d'Amérique latine. Pierre Salama analyse ainsi la façon dont a été partagée la croissance (7,4% en moyenne annuelle sur la période 2003-2011)  et les menaces qui pèsent sur celle-ci. La primarisation de l'économie, basée sur la monoculture du soja dont les cours sont tirés par la demande indienne et chinoise ainsi que sur l'extraction minière, masque la perte de compétitivité d'une industrie un temps boostée par la dévaluation, aujourd'hui rattrappée par l'inflation et la hausse du taux de change. Dans l'intervalle et malgré les fuites de capitaux causées par les mesures dirigistes prises en 2008, les indicateurs sociaux ont connu une évolution favorable grâce à de très bonnes rentrées fiscales : baisse de la pauvreté, amélioration de l'éducation et de la santé.

Le modèle semble solide même si quelques fragilités apparaissent, dues à la dépendance au soja et aux craintes environnementales liées à la déforestation que suscite son exploitation intensive. Le principal danger est cependant celui que fait peser l'inflation : sans maîtrise des prix, la diversification industrielle de l'économie trouvera difficilement les débouchés nécessaires, faute de compétitivité à l'export et face aux importations.

A lire, le numéro 82 de la revue Problèmes d'Amérique latine - L'Argentine des Kirchner, dix ans après la crise.

Partager cet article
Repost0
17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 15:30

NuitsEteArgentines.JPG

Ayant refusé de reconnaître Joseph Bonaparte, imposé par son frère Napoléon sur le trône d'Espagne, le peuple de Buenos Aires forme en 1810 une junte, qui proclame son attachement au roi déchu Ferdinant VII... et son indépendance de fait le 25 mai. Elle sera officiellement proclamée, et définitivement acquise, le 9 juillet 1816 mais c'est le 25 mai qui deviendra le jour de la Fête nationale argentine.

En 2010, année de célébration du bicentenaire des indépendences d'Amérique latine et des Caraïbes, les "Nuits d'été argentines" proposent du 8 juillet au 8 août, à Paris, un riche programme culturel mettant également à l'honneur le Chili, la Colombie ou le Mexique (qui célèbre cette année le centenaire de la révolution de 1910) !

Le programme des "Nuits d'été argentines" sur le site qui leur est consacré et sur le blog de Melocoton Productions.

Partager cet article
Repost0
1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 10:25
Malouines.gif649 morts côté argentin et 255 côté britannique. C'est le bilan de la "Guerre des Malouines" qui a opposé ces deux Etats en 1982, du nom de l'archipel au large de l'Argentine dont ils se disputent la souveraineté. Au départ : l'invasion par les forces de la dictature argentine de ce territoire de la Couronne oublié par la décolonisation et peuplé de quelques milliers de descendants britannniques. La riposte victorieuse de l'Angleterre thatchérienne a sonné le glas de l'expansionnisme des militaires argentins en même temps qu'il accélérait la chute de leur régime...

"Britannisation" des îles et exploration pétrolière

Au lendemain du conflit, les habitants des îles Malouines - Falklands en anglais - obtiennent une nouvelle Constitution qui leur donne la pleine citoyenneté britannique, une autonomie élargie, et les territoires reçoivent d'importants investissements de la métropole. La querelle, que tout le monde s'efforce d'oublier depuis près de trois décennies, rebondit début 2010 quand le gouvernement britannique autorise l'exploration pétrolière à proximité de l'archipel : elle a débuté le 22 février, conduite par la société Desire Petroleum. On sait depuis la fin des années 1990 que la région contient de vastes réserves de pétrole offshore - considérées comme équivalentes à celles de la mer du Nord - mais difficilement exploitables et pour un coût élevé. Les progrès technologiques et la hausse des cours du baril les rendent aujourd'hui attractives...

Vive réaction argentine et mise en cause du statut des îles

La souveraineté de la Couronne sur l'archipel, occupé par la force en 1833, a toujours été contestée par l'Argentine qui se fixe d'ailleurs dans sa Constitution l'objectif "permanent et irrévocable de retrouver la souveraineté sur les îles Malouines". Le conflit de 1982 n'en est que la manifestation la plus tragique, qui se prolonge régulièrement à l'ONU où une résolution est prise chaque année depuis 1965 invitant les deux parties à reprendre leurs négociations sur l'avenir de l'archipel et à s'abstenir d'ici là de toute modification unilatérale des données en jeu... Mercredi 24 février 2010, le Ministre argentin des Affaires étrangères a été reçu par le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il lui a demandé de "faire valoir au Royaume-Uni, dans le cadre de ses missions de bons offices, la nécessité que cet Etat s'abstienne de commettre de nouveaux actes unilatéraux". Il a aussi demandé la reprise des négociations sur la souveraineté de l'île. Réponse britannique : Londres n'a "aucun doute sur sa souveraineté sur les îles Falkland. Cette position s'appuie sur le principe d'auto-détermination des peuples tel que défini dans la Charte de l'ONU. Il est également clair pour nous que le gouvernement des îles Falklands est habilité à développer une industrie des hydrocarbures dans ses eaux, et nous soutenons cette entreprise légitime sur le territoire des Falklands".

Le soutien unanime des pays latinos à l'Argentine

La confusion sur le statut international de l'archipel (entre légitimité historique des revendications argentines et souhaits d'une population essentiellement d'origine européenne), le soutien unanime et renouvelé de toutes les puissances sud-américaine (Lula et Hugo Chavez en tête), l'importance croissante de l'enjeu pétrolier, le fait que l'Argentine soit désormais une démocratie et que sa présidente, Cristina Kirchner, ait besoin de refaire l'unité de la nation autour d'elle... autant de paramètres qui compliquent le jeu britannique. S'ils sont en position de force sur le terrain, un nouveau conflit armé étant de toute façon exclu, leur position politique, morale et finalement juridique risque d'être ébranlée par cette controverse qui pourrait prendre de l'ampleur. Et menacer des intérêts que le profil bas adopté jusqu'à présent avait savamment entretenus. Les Britanniques n'ont cependant guère de raison d'évoluer pour l'instant, les Malouines restant une carte qu'ils joueront le moment venu, autour de la table de négociations...
Partager cet article
Repost0