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Simon Bolivar
La conscience
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Editions Toute Latitude
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Les lettres et discours politiques essentiels du Libertador : la porte d'entrée désormais classique dans l'univers de Simon Bolivar et dans la pensée politique contemporaine en Amérique latine. Traduit et présenté par Laurent Tranier.

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.Les Editions Toute Latitude

16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 12:14

La violence, d'abord, celle qui touche les trafiquants et celle qui frappe aveuglément, par ricochet, les innocents qui se trouvaient là. Les effets dévastateurs sur la santé des consommateurs locaux, souvent très jeunes. La perte de confiance de la population dans des institutions impuissantes. La perte de légitimité des autorités trop souvent corrompues. La dérision enfin, quand le magazine Forbes place Barack Obama au premier rang des puissants de ce monde, le milliardaire mexicain Carlos Slim au 6e rang, Lula au 33e, Hugo Chavez au 67e, Nicolas Sarkozy au 56e et... le chef du cartel de Sinaloa, Joaquín Guzmán Loera, dit "El Chapo", un habitué de ces classements, au 41e rang.

Le Mexique est devenu le centre logistique de tous les trafics de stupéfiants américains. Les cartels sont plus ou moins identifiés, les trajets globalement connus, mais les autorités mexicaines sont dépassées.

Le 23 octobre 2009, une dépêche AFP reprise par Le Monde témoignait tout de même d'une victoire de la police des Etats-Unis : "plus de 3 000 membres des forces de l'ordre (agents fédéraux et officiers de police) ont été déployés dans 19 Etats américains au cours des deux jours de cette opération" qui a permis l'arrestation de "303 membres du puissant cartel mexicain "La Familia" et la saisie d'une grande quantité de drogue au cours d'une opération d'une ampleur inédite". Le procureur général des Etats-Unis, l'équivalent du ministre de la Justice, Eric Holder, expliquait que l'opération avait "permis la saisie de 3,4 millions de dollars en liquide, 144 armes, 109 véhicules, 331 kilos de métamphétamine, 62 kilos de cocaïne et 439 kilos de marijuana. Parallèlement, le chef de "La Familia", Servando Gomez-Martinez, a été inculpé par un grand jury à New York, avec trois autres membres du gang, de complot visant à importer de la cocaïne et de la métamphétamine aux Etats-Unis."

Une victoire à la fois importante et dérisoire face à l'empleur du trafic mais qui ne peut qu'encourager les autorités policières des deux côtés de la frontière... Car la lutte contre les trafiquants doit rester l'absolue priorité des deux gouvernements si l'on ne veut pas que le Mexique tout entier s'effondre ou se gangrène, remettant en cause la démocratie et la stabilité dans la région.

Le témoignage bouleversant du journaliste José Gil Olmos est à ce titre extrêment inquiétant, qui explique les menaces dont sont victimes les journalistes et la terreur à laquelle ils sont soumis, qui les contraint à l'autocensure et au silence sur la question du narcotrafic. Une nouvelle étape dans la dilution des cartels au sein d'un corps social mexicain gravement malade...

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1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 17:37

Time Magazine place le chef du cartel mexicain de Sinaloa, Joaquín Guzmán Loera, dit "El Chapo", parmi les 100 personnalités les plus "influentes" au monde en 2009.

A 52 ans, celui qui s'est évadé d'une prison mexicaine en 2001 dans la camionnette du blanchisseur est responsable du déclenchement de la plus sanglante guerre des cartels de l'histoire du Mexique (15 000 morts estimés depuis cette date). En mars 2009, c'est le magazine Forbes, qui l'accueillait au 701ème rang de son classement mondial des plus grandes fortunes en estimant à 1 milliard de dollars la valeur de ses biens. Mis à prix 30 millions de pesos au Mexique et 5 millions de dollars aux Etats-Unis, il apparait au palmarès de Time Magazine dans la catégorie "Leaders et révolutionnaires" aux côtés de Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, etc. L'autre Mexicain du palmarès est Carlos Slim, troisième fortune mondiale : pas de Felipe Calderon, le Président mexicain, qui a envoyé l'armée contre les narcotrafiquants...

Que conclure de ce classement ? Rien de franchement définitif, tout cela étant tellement subjectif, sinon qu'il n'est pas absurde d'être inquiet, au-delà de la grippe médiatique qui les frappe, pour le Mexique et les Mexicains. Avec une lueur d'espoir : après les déclarations de Barack Obama lors de son récent voyage à Mexico, la présence de "El Chapo" dans ce classement est un nouvel indice que le grand voisin du Nord a conscience de la gravité de la situation. C'est un point de départ...

A lire, sous la plume de Gaëtan Mortier dans son Mexique. Entre l'abîme et le sublime, le chapitre intitulé : "Les violences et la guerre perdue contre le narcotrafic".

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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 19:42
"Notre demande insatiable de drogues illégales alimente le trafic" . "Notre incapacité à empêcher que des armes soient introduites illégalement (...) cause la mort de policiers, de soldats et de civils." Par la voix du secrétaire d'Etat Hillary Clinton, récemment en visite au Mexique, les Etats-Unis d'Obama affirment avoir prix conscience qu'ils sont à la source du problème.

Au cours de sa campagne, Barack Obama s'était vaguement positionné en faveur d'une restriction de la vente des armes à feu. Il s'agit à présent de passer de la parole aux actes.

Certes, les Etats-Unis viennent de doter l'Initiative Merida, destinée à combattre le crime au Mexique et en Amérique centrale, de 400 millions de dollars. Hillary Clinton a également offert trois hélicoptères aux forces de l'ordre mexicaines. La lutte contre les cartels est essentielle, mais ce n'est pas par la force que sera réglé le problème.

Essayons de raisonner :
-le problème est d'abord un problème de santé publique. Comment peut-il être résolu? D'abord en remplaçant la substance dangereuse par un équivalant produisant les mêmes effets, la dangerosité en moins. Indépendamment du fait que si la dangerosité physiologique de l'addiction peut éventuellement être réduite (cela semble bien plus difficile pour ses désastres psychologiques), c'est l'objectif des actions conduites avec les produits de substitution. Ceux-ci s'inscrivant dans une logique d'accompagnement médicalisé vers le sevrage, cette démarche suppose une prise de conscience du consommateur, ce qui limite sa portée.

-le problème est aussi un problème de sécurité publique : les violences qui accompagnent le trafic, au Mexique et ailleurs, en sont des illustrations suffisamment éloquentes. Il s'agit évidemment de lutter contre elles : c'est ce que s'efforcent de faire, au moins théoriquement, tous les gouvernements démocratiques et les Etats de droit.

-mais le problème est, en réalité, essentiellement économique : si le narcotrafic n'était pas aussi fabuleusement rentable, il disparaîtrait mécaniquement.
L'enjeu est donc de faire baisser sa rentabilité. En la matière, tous les efforts antidrogues conduisant à éliminer physiquement le narcotrafic ont pour conséquence d'en augmenter le coût : plus la tâche des narcos est difficile, plus ils doivent déployer des moyens importants, moins ils ont économiquement intérêt à trafiquer. Le problème est leur formidable capacité d'adaptation, en l'occurence de restructuration : si le coût du trafic au Mexique devient trop lourd, les narcotraficants s'adapteront et trouveront d'autres voix d'accès à leur marché, qui se trouve au Nord du Rio Grande. C'est - à peu près - ce qui s'est produit lors de l'effondrement des cartels colombiens au début des années 2000. Le trafic s'est poursuivi, sous le contrôle des cartels mexicains qui se livrent aujourd'hui une guerre féroce, mettant en danger la jeune démocratie mexicaine. Et en toute hypothèse, les cartels ont toujours la possibilité d'augmenter le prix de vente de la drogue...

Alors?
Et si la solution était dans l'effondrement de son prix de vente? C'est-à-dire dans la légalisation de la consommation? Une mesure tellement paradoxale impose une vraie réflexion et un grand débat. Mais alors que le sujet reste largement tabou, il serait peut-être temps de s'y mettre...

A lire : Un excellent article de Gaëtan Mortier dans Valeurs Actuelles.
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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 14:47
Le Mexique et les Etats-Unis, tellement proches, tellement liés et tellement fiers. Tellement différents aussi, mais de moins en moins. Culture, migrations, il y a beaucoup de Mexique aux Etats-Unis et inversement.
Le narcotrafic ? Les cartels sont au sud, le marché au nord. Mais où est le vice? "Les experts des deux pays estiment qu'entre 75 % et 90 % de l'arsenal utilisé par les narcotrafiquants et leurs affidés proviennent des Etats-Unis" nous dit Le Monde du 10 mars. On en revient à ce mal constitutif de la culture étatsunienne : le droit à l'autodéfense, le culte paranoïaque des armes à feu, la toute puissance de la NRA, leur lobby.
Des ravages sur leur territoire, des massacres chez leur voisin. Mais, me direz-vous, si les narcos ne trouvaient par leurs armes aux Etats-Unis, ils les trouveraient ailleurs. Peut-être, cependant les guérillas et leur lot de trafics ont presque disparu du continent, excepté bien-sur en Colombie. Les armes seraient plus chères, mécaniquement plus rares. La guerre des cartels mexicains est sur le point de se propager aux Etats-Unis. Les Etats-Unis seront victimes. Principal marché mondial pour les stupéfiants, principal responsable de l'omniprésence des armes, ils seront aussi doublement responsables...

"Los Tigres del Norte" est un groupe musical spécialiste de "corrido" ou "narcocorrido", style musical à la gloire des narcotrafiquants. Ses membres vivent aux nord de la frontière. Ils ont vendu des dizaines de millions de disques de part et d'autre de celle-ci. Ecoutez la chanson "Jefe de jefes":
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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 15:31
Entre la criminalité qui gagne l'ensemble du pays - dont l'exemple le plus visible est celui de la multiplication des enlèvements express dans la capitale - et l'explosion de violence des narcotrafiquants dans les Etats du Nord, le Mexique glisse vers le chaos. Lundi 15 septembre, un attentat à la grenade faisait 7 morts dans la foule rassemblée pour célébrer la fête nationale à Morelia, capitale du Michoacan. Cet attentat attribué au narcotrafic dans une ville du centre du pays est une déclaration de guerre à l'Etat et à la société qui n'est pas sans évoquer les plus noires heures du narcotrafic en Colombie.
Les autorités ont semble-t-il pris conscience du problème, le président Felipe Calderon ayant décidé d'envoyer l'armée lutter contre les narcos dans les Etats frontaliers des Etats-Unis. Avec pour l'instant comme seuls résultats visibles une augmentation des saisies en tous genres et une explosion de la violence. La population, pour sa part, se mobilise massivement et exige de façon de plus en plus pressante des résultats concrets dans la lutte contre la criminalité. La volonté politique sera-t-elle plus forte qu'un système où la corruption est très présente ? Tous les moyens seront-ils bons pour répondre aux exigences légitimes de la population ?

A écouter : "El dos negros", interprété par les Mariachis Vargas de Tecalitlán
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