28 mars 2009
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Au cours de sa campagne, Barack Obama s'était vaguement positionné en faveur d'une restriction de la vente des armes à feu. Il s'agit à présent de passer de la parole aux actes.
Certes, les Etats-Unis viennent de doter l'Initiative Merida, destinée à combattre le crime au Mexique et en Amérique centrale, de 400 millions de dollars. Hillary Clinton a également offert trois hélicoptères aux forces de l'ordre mexicaines. La lutte contre les cartels est essentielle, mais ce n'est pas par la force que sera réglé le problème.
Essayons de raisonner :
-le problème est d'abord un problème de santé publique. Comment peut-il être résolu? D'abord en remplaçant la substance dangereuse par un équivalant produisant les mêmes effets, la dangerosité en moins. Indépendamment du fait que si la dangerosité physiologique de l'addiction peut éventuellement être réduite (cela semble bien plus difficile pour ses désastres psychologiques), c'est l'objectif des actions conduites avec les produits de substitution. Ceux-ci s'inscrivant dans une logique d'accompagnement médicalisé vers le sevrage, cette démarche suppose une prise de conscience du consommateur, ce qui limite sa portée.
-le problème est aussi un problème de sécurité publique : les violences qui accompagnent le trafic, au Mexique et ailleurs, en sont des illustrations suffisamment éloquentes. Il s'agit évidemment de lutter contre elles : c'est ce que s'efforcent de faire, au moins théoriquement, tous les gouvernements démocratiques et les Etats de droit.
-mais le problème est, en réalité, essentiellement économique : si le narcotrafic n'était pas aussi fabuleusement rentable, il disparaîtrait mécaniquement.
L'enjeu est donc de faire baisser sa rentabilité. En la matière, tous les efforts antidrogues conduisant à éliminer physiquement le narcotrafic ont pour conséquence d'en augmenter le coût : plus la tâche des narcos est difficile, plus ils doivent déployer des moyens importants, moins ils ont économiquement intérêt à trafiquer. Le problème est leur formidable capacité d'adaptation, en l'occurence de restructuration : si le coût du trafic au Mexique devient trop lourd, les narcotraficants s'adapteront et trouveront d'autres voix d'accès à leur marché, qui se trouve au Nord du Rio Grande. C'est - à peu près - ce qui s'est produit lors de l'effondrement des cartels colombiens au début des années 2000. Le trafic s'est poursuivi, sous le contrôle des cartels mexicains qui se livrent aujourd'hui une guerre féroce, mettant en danger la jeune démocratie mexicaine. Et en toute hypothèse, les cartels ont toujours la possibilité d'augmenter le prix de vente de la drogue...
Alors?
Et si la solution était dans l'effondrement de son prix de vente? C'est-à-dire dans la légalisation de la consommation? Une mesure tellement paradoxale impose une vraie réflexion et un grand débat. Mais alors que le sujet reste largement tabou, il serait peut-être temps de s'y mettre...
A lire : Un excellent article de Gaëtan Mortier dans Valeurs Actuelles.