Evidemment, un chef de l'Etat en grève de la faim pour faire pression sur une opposition qui bloque l'un de ses projets majeurs... ce n'est pas banal. Et il n'y a probablement qu'en Bolivie que cet alliage de tradition de "l'engagement" politique et d'une personnalité présidentielle aussi peu commune qu'Evo Morales peut produire un tel résultat. Quel résultat au fait ? Au-delà de l'anecdote, qui a vu Evo Morales tenir pendant 6 jours avec de l'eau, des "caramelos" et surtout, surtout, du mate et des feuilles de coca, cet épisode baroque se conclut de façon très positive.L'enjeu était la mise en place de la loi électorale prévue par la nouvelle Constitution. Morales souhaitait que plusieurs innovations majeures, dont le vote des Boliviens de l'étranger et un certain nombre de sièges réservé aux peuples indigènes soient mises en place. L'opposition contestait le nombre de sièges réservés et exigeait des garanties sur la sincérité des listes électorales.
Au final, tout le monde a gagné, et d'abord la démocratie puisque les Boliviens de l'étranger voteront, un compromis a été trouvé sur le nombre de députés indigènes (7) et un nouveau registre électoral actualisé et biométrique sera mis en place avant des élections qui auront lieu à la date prévue, le 6 décembre 2009.
Après une année 2008 marquée par plusieurs épisodes politiques violents, il semble que la sagesse l'emporte progressivement et que l'opposition à Evo Morales devienne plus civilisée. Comme l'Equateur, où Rafael Correa a redonné une stabilité aux institutions, la Bolivie semble entrer dans une nouvelle ère de démocratie apaisée. C'est heureux et, même si certaines méthodes restent encore atypiques, c'est vraiment révolutionnaire...
A écouter : "Virgines del Sol" de los Koyas, musique des Andes

Les référendums révocatoires convoqués dimanche 10 août en Bolivie ont livré une réponse ambiguë et pour tout dire contradictoire au problème institutionnel qui se pose dans le pays : d'une part, le Président Evo Morales a été plébiscité par 67,4 % des Boliviens. De l'autre, ses plus violents détracteurs, préfets autonomistes des 5 régions les plus riches de l'Est du pays ont également été maintenus, avec des scores supérieurs à ceux obtenus lors de leur élection !