Le premier tour de l'élection présidentielle péruvienne du 10 avril 2011 a plongé les formations politiques traditionnelles et modérées dans le désarroi. La faute d'abord à leur désunion et à l'éparpillement des voix sur trois candidats (Pedro Kuczynski : 18,5 %, Alejandro Toledo : 15,6 % et Oscar Castaneda : 9,8 %). La faute surtout à la forte personnalité de leurs adversaires qui ont su se rendre crédibles en s'adressant autant à la raison qu'à l'inconscient des électeurs.
Passif contre passif
Sont en effet qualifiés pour le second tour Ollanta Humala (31,7 %), 48 ans, ancien militaire, ancien putschiste, candidat d'une gauche dure précédemment chaviste et Keiko Fujimori (23,5 %), 35 ans, députée et... fille d'Alberto Fujimori, ancien président péruvien, condamné à 25 ans de prison pour violation des Droits de l'homme et corruption mais dont les Péruviens se souviennent surtour de la victoire contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux dans les années 1990. Keiko Fujimori est la candidate d'une droite considérée elle aussi comme dure.
La fin des idéologies
Les candidats - est-ce vraiment un paradoxe ? - proposent des programmes quasiment identiques, promettant une meilleure répartition des fruits de la forte croissance économique (8,8 % en 2010) et une lutte impitoyable contre la corruption et un narcotrafic en pleine expansion. Il apparaît que les électeurs n'ont pas regardé les étiquettes partisanes ni les idéologies mais qu'ils ont opté pour des candidats dotés de forte personnalités et résonnant dans l'inconscient collectif avec des attentes d'ordre et de justice sociale.
Un second tour qui s'annonce ouvert
Le deuxième tour, le 5 juin 2011 s'annonce très ouvert. La victoire reviendra à celui qui saura rassurer les 44 % d'électeurs qui ont choisi au premier tour l'un des trois autres candidats modérés, Ollanta Humala bénéficiant d'ores et déjà du soutien affirmé du précédent président brésilien, Lula. Reste à savoir si l'effet Lula qui a si bien fonctionné dans son pays au profit de Dilma Roussef en 2010 est exportable.... Ce n'est pas gagné quand une grande conscience péruvienne comme le Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa considère que ses conpatriotes ont désormais le choix entre "le cancer et le sida" !
RAPPEL : Le CECUPE (Centre Culturel Péruvien) de Paris organise un grand concours littéraire à l'occasion de son 25e anniversaire. Inscription jusqu'au 31 mai 2011.