Le résultat de l'élection présidentielle mexicaine a été officiellement proclamé le 31 août 2012 par le Tribunal Suprême Electoral : Enrique Pena Nieto (PRI) a été élu avec 19,1 million de voix (38,2 %), devançant Andres Manuel Lopez Obrador (PRD, coalition de gauche) qui en a obtenu 15,8 millions (31,6 %) et Josefina Vazquez Mota (PAN) avec 12,7 millions (25,4 %).
Fraude ou pas fraude ?
La fraude électorale a été érigée au rang d'une science par le Parti Révolutionnaire Institutionnel - auquel appartient Enrique Pena Nieto - tout au long du XXe siècle. L'ensemble des techniques d'achat de voix, d'"erreurs" de calcul ou d'influence des électeurs ont été probablement employées lors de ce scrutin comme lors des précédents. Ce qui n'avait pas empêché l'alernance de 2000 (victoire du PAN sur le PRI, confirmée en 2006, avec un écart infime entre le vainqueur du PAN et son challenger Andres Manuel Lopez Obrador... ouvrant sur une interminable contestation des résultats). Clairement, l'écart que révèle le décompte final en 2012 ne permet pas de douter, Enrique Pena Nieto a remporté l'élection et sa victoire est légitime d'un point de vue démocratique : il est le nouveau Président de la République des Etats-Unis du Mexique pour la période du 1er décembre 2012 au 30 novembre 2018.
L'ascension d'Enrique Pena Nieto
Enrique Pena Nieto a été élu Président de la République à 46 ans. Il est né à Atlamulco, dans l'Etat de Mexico, diplômé de Droit et de management, marié en secondes noces avec l'actrice Angelica Rivera. Après un bref passage dans le privé, il a fait toute sa carrière au sein du PRI et dans l'administration. Son ascension est constante : en 2003 il devient député au Congrés de Mexico et, en 2005, il est élu gouverneur de l'Etat de Mexico : son mandat est marqué par sa volonté de tenir des engagements scellés devant notaire... Sa jeunesse et son dynamisme, son action en matière de transports, de santé, d'éducation, d'environnement, son entente pragmatique avec Marcelo Ebrard (PRD), le Maire de Mexico, font de lui le gouverneur le plus populaire du pays et la première chance du PRI pour cette élection présidentielle. Seul en lice, il est désigné candidat le 17 décembre 2011.
Avec quel programme et face à quels défis ?
Le Mexique de 2012 n'est pas celui des années 1990 : il est à la fois plus ouvert et plus... violent. Le bilan sécuritaire du Président Calderon, avec la tentative de militariser la lutte contre les cartels de la drogue n'est pas bon : 60 000 à 100 000 homicides en 6 ans suivant les décomptes. Et le chiffre n'est pas en baisse. Le défi est colossal, Pena Nieto y est immédiatement confronté, il en est conscient, mais les solutions ne sont pas évidentes : il souhaite porter les effectifs de la police fédérale de 36 000 à 50 000 agents, créer une gendarmerie nationale de 40 000 agents sous statut civil, unifier et spécialiser les polices des Etats fédérés... L'objectif est clairement l'amélioration du travail policier en passant par une certaine centralisation de la lutte anticriminalité.
La pauvreté est l'autre grand défi du Mexique, pays de larges inégalités qui sera pourtant en 2012 l'un des champions de la croissance économique, avec un taux 4 %. Cela donne des marges de manoeuvre et c'est un des succès du Président sortant Felipe Calderon que d'avoir su maintenir la confiance des investisseur, en majorité venus des Etats-Unis, dans l'économie du pays. Le projet de Pena Nieto est largement orienté vers l'économie, avec une réforme du secteur pétrolier qui sera ouvert au privé, un assouplissement des contraintes réglementaires sur les entreprises et une réforme fiscale à leur profit : l'objectif est la sortie de la pauvreté par la création d'emplois. Enfin, il souhaite une réforme politique et administrative pour augmenter l'efficacité et la transparence des institutions.
Un programme ambitieux porté par un style nouveau et une nouvelle génération. Qui cependant ne pourra pas s'appuyer sur une majorité au Congrès et qui devra donc convaincre, pour être mis en oeuvre, au-delà de sa famille politique...