La tradition diplomatique mexicaine est faite de discrétion, à l'ombre de son imposant voisin. Il n'empêche, dans la 2e moitié du XXe siècle, le Mexique a pointé au rang des pays du "Tiers Monde" avant d'intégrer dans les années 1990, à la fois l'OCDE, organisation des pays développés (aujourd'hui au nombre de 34) et l'ALENA, l'Accord de libre-échange Nord-américain, avec les Etats-Unis et le Canada.
Cette évolution a simultanément accru l'intégration économique nord-américaine et fait basculer le Mexique dans le camp des puissances moyennes, jusqu'à intégrer le G20 et être présent en 2008 lors de la première réunion de ce club au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Alors le Mexique, à la fois doté d'immenses ressources pétrolières, agricoles, culturelles, humaines, mais aussi pays d'émigration massive gangrené par la corruption et le narcotrafic est-il devenu un Grand de ce monde ?
La présidence 2012 du G20
L'examen de l'agenda 2012 du G20, qui sera présidé par le Mexique, peut apporter quelques éléments de réponse. S'il s'agit là d'une forme de reconnaissance, il est certain en tout cas que le pays joue gros, en terme de crédibilité internationale. Sa capacité à organiser dans la sérénité le sommet prévu les 18 et 19 juin 2012 à Los Cabos, en Basse-Californie, n'est pas en cause. Le Mexique saura se donner les moyens sécuritaires de réussir cette rencontre.
Le Président Felipe Calderon a placé 5 points à l'ordre du jour de sa présidence : le retour à la stabilité économique et la relance de la croissance ; la lutte contre le protectionnisme et la relance du commerce mondial ; la régulation financière et la lutte contre les paradis fiscaux ; la sécurité alimentaire à travers notamment une régulation des prix des matières premières agricoles ; le changement climatique et la croissance verte.
Ce catalogue prolonge logiquement certains objectifs de la présidence française de 2011, qui a permis des avancées dans la lutte contre les paradis fiscaux, la régulation des prix des matières premières, la crise des dettes publiques et la relance économique mondiale.
Lutte contre les paradis fiscaux et contre la corruption
Toutes ces questions ne seront pas résolues en quelques mois. Il s'agit simplement que le Mexique contribue à ce que la marche en avant se poursuive. A priori, il sera difficile d'obtenir des progrès sur la Taxe sur les transactions financières, défendue par la France et l'Allemagne mais à laquelle s'opposent les pays Anglo-saxons, qui accueillent les principaux centres financiers mondiaux. De même, les Etats-Unis ou le Brésil, se montrent réticents à une régulation des cours des produits agricoles.
Des progrès pourraient être obtenus en matière de lutte contre les paradis fiscaux, qui passent par l'automatisation des échanges internationaux de données fiscales ou la lutte contre la corruption. Le Mexique, qui ne s'y confronte pas directement, semble également mieux placé que d'autres pour obtenir de la Chine qu'elle s'implique dans la gouvernance mondiale à hauteur de son nouveau poids économique et géopolitique. Mais la grande question de cette présidence sera, en étroite coopération avec le FMI et les Banques centrales, celle de la sortie de la crise de la dette et du retour à une croissance économique durable.
Contexte difficile et... bonne surprise ?
Le contexte est difficile : la conjoncture économique mondiale n'est pas favorable, les relations avec la France, qui a précédé le Mexique à la présidence du G20 sont dégradées en raison de l'affaire Cassez. Le pays est en outre confronté à d'importants défis internes, et n'est pas à l'abri de troubles créés par les groupes altermondialistes. 2012, enfin, est une année électorale : le successeur de Felipe Calderon à la présidence de la République sera désigné le 1er juillet... Ainsi, si l'opportunité, pour le Mexique, d'accueillir le G20 ne pouvait se refuser, le contexte national et international n'est pas forcément favorable. Si surprise il y avait, elle pourrait donc bien être agréable...