Mais qui est ce Michel Martelly qui a remporté le 4 avril 2001 le second tour de l'élection présidentielle haïtienne avec 67,57 % des voix ? Michel Martelly est né le 12 février 1961 à Port-au-Prince dans une famille de la classe moyenne. Très tôt, il apprend la musique en autoditacte, obtient le baccalauréat et échoue à entrer en faculté de médecine. Il s'engage dans l'armée, doit quitter le pays à cause de sa relation avec la fille d'un général, se marie aux Etats-Unis avec une Américaine, tente de poursuivre ses études, divorce et rentre au pays en 1986. Il s'y fiance avec Sophia, la mère de ses 4 enfants, qu'il épouse à Miami. En 1987, ils sont définitivement de retour en Haïti.
"Sweet Micky" superstar
En peu d'années, Michel Martelly devient une star de la scène haïtienne sous le nom de Sweet Micky. Considéré comme le père du renouveau du Kompa, une musique traditionnelle à laquelle il donne des tonalités électros, il devient l'une des plus grandes vedettes de l'île, chantant en créole et réalisant des shows scéniques burlesques, costumés, dérapant parfois vers la consommation d'alcool en public. A partir des années 1990, il devient une référence internationale pour la musique caribéenne.
Un engagement politique assumé
Proche de l'ancien président René Préval, il milite pour l'indépendance d'Haïti et donne un concert gratuit contre le retour du Président militairement déposé Jean-Bertrand Aristide, et contre la présence des Etats-Unis sur le sol de l'île : "Je n'ai pas à m'en défendre... C'est mon droit, c'est mon pays, j'ai le droit de lutter pour ce en quoi je crois" explique-t-il. Impliqué contre le SIDA, il est le président de la Fondation Rose et Blanc créée avec son épouse Sophia en soutien aux défavorisés, dont l'action contribue grandement à sa popularité au-delà de son public.
"L'avènement d'une ère nouvelle" ?
Au terme d'une campagne foudroyante, Michel Martelly vient d'être largement élu à la tête d'Haïti, dans un contexte de participation électorale très faible (inférieure à 25 %). L'opposition de style avec la très professorale Mirlande Manigat lui a été favorable, même si l'ancien amuseur a changé d'image - costume trois pièces et lunettes - tout en conservant ses talents de communicant. L'espoir de changement qu'il suscite après des décennies d'incurie et un tremblement de terre dévastateur est immense. Mais la tache s'annonce très difficile. Avant même d'avoir pris officiellement ses fonctions le 14 mai 2011, le président élu a demandé à la communauté internationale de ne pas reconnaître les résultats des élections législatives qui se sont déroulées en même temps que l'élection présidentielle... Le parti du président sortant est en effet fortement soupçonné d'avoir manipulé les résultats, détournant à son profit près de 20% des sièges de parlementaires. Le Brésil, le Canada, les Etats-Unis, l'Espagne et la France ont évoqué pour leur part des "doutes sérieux" à la suite d'étranges renversements de tendances...