Tous les observateurs ont souligné l'exemplarité de l'élection présidentielle qui s'est déroulée dimanche 7 février 2010 au Costa Rica. Clarté du résultat : Laura Chinchilla (50 ans, PLN - Partido Liberacion Nacional - centre-droit) l'a emporté au premier tour avec 46,78 % des voix (il faut dépasser le seuil de 40 % pour être élu au premier tour), devant Otton Solis (25,1 % - PAC - centre-gauche) et Otto Guevara (20,89 % - ML - droite). Absence de contestation : les deux principaux vaincus ont félicité la nouvelle présidente bien avant la proclamation officielle des résultats. Laquelle les a remerciés en expliquant que "malgré leurs différences, [elle] ne doute pas que c'est un profond amour pour le Costa Rica qui les a animés". Transition sans accroc : ancienne Ministre de la Sécurité publique puis de la Justice, ancienne Vice-présidente du Président sortant, Oscar Arias, elle promet la "continuité" dans l'ambition sociale et l'investissement public...

La Suisse de l'Amérique centrale

Ayant abandonné la peine de mort au XIXe siècle, sans armée depuis 1948 (et une guerre civile de 44 jours qui a fait plus de 1000 morts à la suite d'une élection présidentielle contestée) placé au 3e rang mondial, derrière la Suisse et l'Islande, de l'Indice de Performance Environnementale des universités Yale et Columbia, le Costa Rica a classé le tiers de son territoire en réserve naturelle et a longtemps consacré à l'éducation et à la santé l'argent qui n'allait pas aux dépenses militaires. Après une baisse de ses performances dans ces domaines et des abus environnementaux commis au profit du développement touristique, la confiance renouvelée dans le parti au pouvoir est le signe d'une amélioration.

Pauvreté et insécurité

Il ne s'agit pas non plus d'idéaliser le pays qui, s'il bénéficie d'un niveau de vie supérieur à la moyenne régionale, connaît un taux de pauvreté en augmentation à 17 % de la population. Et une criminalité certes sans commune mesure avec celle de ses voisins mais elle aussi en hausse. Le Costa Rica reste, comme toute l'Amérique centrale, sur les routes de la drogue entre l'Amérique du Sud et le grand marché des Etats-Unis. Autant de défis dont Laura Chinchilla est consciente et qu'elle affirme vouloir affronter avec détermination. Quant à ceux qui lui ont reproché de ne rien dire sur les soupçons entourant Oscar Arias dans diverses affaires... l'objectif d'un candidat étant d'être élu, il est compréhensible qu'elle ait préféré ne pas insister sur ses points faibles. Est-ce une tâche morale ? Peut-être, mais puisque le Costa Rica est la démocratie la plus mature d'Amérique latine, laissons une chance à sa justice - sous le regard des médias - de prouver sa qualité en allant au terme des procédures...

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