34% de la production mondiale, 29% des réserves connues et un tiers du budget de l'Etat, soit 10% du PIB. C'est la contribution directe, année après année, du cuivre au Chili, ainsi que l'explique Christophe-Alexandre Paillard dans le numéro d'automne 2011 de la revue Géoéconomie. Cette formidable rente a explosé avec la demande des pays émergents - d'abord chinoise - et la hausse des cours. Le principal acteur minier du pays est l'entreprise publique CODELCO, qui investit 3 milliards de dollars par an pour augmenter sa production. Car le Chili, à la différence du Venezuela qui voit se réduire sa rente pétrolière à force de mauvaise gestion, ou de la Bolivie incapable d'exploiter ses prodigieuses réserves de lithium, a su mettre à profit les richesses de son sous-sol.
Et ce n'est pas fini : les investissements dans le secteur minier devraient atteindre 50 milliards de dollars au cours de la décennie 2010-2020. Car il n'y a pas que le cuivre : le Chili, c'est aussi 55% de la production mondiale d'iode, 21% de la production de molybdène, du manganèse, du rhénium, du sélénium, mais aussi... du lithium.
Si le cuivre est présent dans toute installation ou tout objet électrique, le lithium est le métal de base des batteries. Celles des ordinateurs et des téléphones portables aujourd'hui, celles des voitures hybrides demain. Le Chili, c'est 35% de la production mondiale de lithium et 100 ans de réserves...
Richesse et dépendance ?
La nouvelle prospérité chilienne est essentiellement construite autour de ses richesses naturelles : agricoles et halieutiques certes, comme chez ses voisins argentins et brésiliens, minières bien sûr. Excédents commerciaux, investissements étrangers, emplois, salaires, basse fiscalité... Le pays en tire de nombreux bénéfices. Mais 70% du cuivre chilien est acheté par la Chine, qui consomme d'ailleurs la moitié de la production mondiale. Les grands indutriels chinois et brésiliens sont très présents au Chili. Cette économie tournée vers l'export maintient donc le pays dans une certaine dépendance à des acteurs étrangers. Qu'en sera-t-il si la conjoncture des pays émergents se retourne, si la hausse des cours de ces matières premières pousse les industriels vers des solutions de substitution, si l'évolution du prix des hydrocarbures freine la transition vers les modes de déplacement électriques ? Il s'agit là d'interrogations davantage que de véritables inquiétudes. Les perspectives économiques du Chili sont résolument positives, avec par exemple le maitien d'un fort niveau d'investissement. Le pays semble pouvoir envisager sereinement le XXIe siècle...
A lire, le numéro 59 de la revue Géoéconomie - Ruée sur les minerais stratégiques, aux Editions Choiseul.