Elue avec 56 % des voix au second tour de l'élection présidentielle brésilienne face à José Serra, Dilma Rousseff est la nouvelle femme forte du Brésil. Lula a gagné son pari : il pourra quitter son fauteuil présidentiel le 31 décembre 2010 avec le sentiment du devoir accompli, celui de laisser le pays entre les mains de celle qu'il a lui-même choisie.
Dilma ne manque pas d'atouts au moment d'entrer dans sa nouvelle fonction : une élection confortable, une forte majorité au Parlement, une situation économique, sociale, mais aussi diplomatique, plus que favorable.
Quel est le projet de Dilma ?
Le projet de Dilma Rousseff tient en seul mot : la continuité. Elle ne s'en est jamais cachée, elle s'inspirera en tous points de Lula, qui a pratiquement réduit de moitié la pauvreté au Brésil. Mais il reste aujourd'hui 30 millions de pauvres et Dilma va d'abord s'efforcer de les faire sortir de cette situation. Cela passe par la poursuite de la politique de "bourses" sociales et par les "grands travaux", le fameux Programme d'Accélération de la Croissance dont elle avait d'ailleurs la charge aux côtés de Lula : construction de logements, assainissement, services de santé, éducation. Mais aussi mise en place d'infrastructures routières et de transport, de télécommunications et de production d'énergie...
Quels écueils peut-elle rencontrer ?
Croire que la belle histoire va se poursuivre sans accrocs est certainement illusoire. Le Brésil souffre aussi d'un certain nombre de problèmes que cette élection a d'ailleurs permis de mettre au jour. La percée inattendue de Marina Silva au premier tour, candidate écologiste et troisième dame de l'élection avec 19,3 % des suffrages, souligne en particulier deux lacunes du bilan de Lula que Dilma Rousseff devra combler : l'attente des électeurs en matière de préservation de l'environnement et de développement durable d'une part ; l'exigence reconnue par tous de lutter contre la corruption du personnel politique et de l'administration d'autre part. Il ne s'agit pas là de questions anodines ou secondaires. Mais d'enjeux forts, sur lesquels une nouvelle candidature de Marina Silva pourrait prospérer jusqu'à la prochaine élection présidentielle s'ils ne sont pas traités par Dilma. Car une double faille, nouvelle dans l'histoire du Brésil, est apparue au sein du corps électoral : si les pauvres ont largement plébiscité Dilma, les classes les plus aisées ont voté pour son adversaire José Serra. Un clivage sociologique qui recoupe la géographie sociale du pays, avec un Nord défavorisé qui a massivement choisi Dilma et un Sud plus prospère qui a majoritairement voté pour son adversaire.
Enfin, autre mal majeur dont souffre le Brésil : une insécurité qui reste à des niveaux record. Une compétence qui relève aussi des Etats fédérés qui font des efforts pour éradiquer la criminalité, mais dont devra s'emparer Dilma pour que les deux grands rendez-vous du pays dans les années 2010 soient un succès : la Coupe du Monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques de Rio en 2016.
Seul le premier de ces deux événements se déroulera durant le mandat de 4 ans de Dilma Rousseff, mais gageons que de sa réussite ou de son échec dépendra grandement le résultat de la prochaine échéance présidentielle, prévue en 2014...
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