Depuis une dizaine d'années, peut-être depuis l'arrivée de Lula, les pays d'Amérique latine semblent avoir franchi une étape nouvelle de maturité politique. Transitions politiques (relativement) démocratiques et apaisées, recul des conflits armés.
Les pays de la région se sont largement affranchis de la relation bilatérale avec les Etats-Unis, bien aidés par la figure repoussoir de Bush.
Ils ont aussi accédé à une plus grande autonomie économique grace à la hausse des cours des matières premières énergétiques, minérales, agricoles, grace aussi aux remesas portées par la prospérité aux Etats-Unis et en Espagne essentiellement.
Sortant de la relation trop étroite avec les Etats-Unis, ils ont su se rapprocher malgré leurs différences - sous l'impulsion incontestable de Lula - reprenant un processus impulsé par Simon Bolivar et qui semble nécessaire: le grand nombre de zones économiques et d'institutions multilatérales latino-américaines étant la preuve de ce besoin. Car toutes ne sont pas des coquilles vides...
Ils se sont ouverts au reste du monde, répondant favorablement à la nouvelle stratégie chinoise notamment. Le résultat est un recul sensible de la pauvreté, même si beaucoup reste à faire. Le point noir est celui de la violence, de la délinquance, du narcotrafic dont les conséquences débordent aujourd'hui aux Etats-Unis, autant qu'ils sont en train de déstabiliser l'Afrique de l'Ouest.
Il est heureux que les Etats-Unis s'impliquent et assument directement une part de leur responsabilité qui est massive. Les plans de lutte antidrogue bilatéraux - on pense d'abord au Plan Colombie - sont probablement nécessaires mais ils sont insuffisamment efficaces pour l'heure. Le mal est interne, exacerbé par la législation scandaleuse, inconcevable, irresponsable, des Etats-Unis en matière de vente d'armes à feu. Le postulat, le mythe, le culte de l'autodéfense doit être remis en cause. C'est un des plus gros défis de Barack Obama, c'est hélas un des rares qu'il ne soit pas prêt à relever. Si rien ne change en la matière, la criminalité continuera d'être alimentée à l'échelle du continent par cet accès aux armes...
Pour revenir à l'Amérique latine, l'inquiétude, même si le continent semble relativement épargné par les conséquences de la crise financière mondiale, est cependant économique. En effet, ce qui a fait la force de la région durant la dernière décennie - revenus des exportations de matières premières et remesas - a forcément vocation à se réduire, la situation globale à se tendre. La solution est toujours la même, elle passe par une élévation du niveau de qualification moyen, par une mutation de la production. En la matière, les latino-américains ne manquent pas de ressources...
Bien des défis restent à relever. A la veille du sommet des Amériques, retrouvez sur le blog de Pierre Rousselin les enjeux de cette première rencontre du continent avec Barack Obama.