Latinomag.fr est partenaire d'Opinion Internationale, "le média des décideurs engagés au cœur de l'actualité"
Si Nicolas Maduro, le président vénézuélien, avait lu jusqu’au bout le manuel du parfait petit dictateur, il se serait rendu compte que les mots « élection » et « opposition » ne doivent jamais apparaître dans la même phrase.
Mais voilà, celui que Hugo Chavez considérait comme le cancre le mieux à même de lui succéder, a semble-t-il commis la bourde qui pourrait bien le chasser du pouvoir : alors qu’il aurait pu invoquer mille et un prétextes pour repousser à l’infini la date de l’élection présidentielle, Nicolas Maduro a décidé de l’organiser… le 28 juillet prochain. Et qui plus est, il a donné son accord pour que l’opposition démocratique (bâillonnée quand elle n’est pas exilée), puisse y présenter un candidat !
Mais quelle mouche a donc piqué Maduro ? Le désir inattendu de sauvegarder ce qu’il reste des apparences démocratiques ? Un excès de confiance totalement incompréhensible dans l’amour que lui porte son peuple ? Est-ce une ruse, destinée à obtenir la levée de certaines sanctions internationales, qui a mal tourné ?
Attention, il a tout de même veillé à ce que son opposante la plus populaire, Maria Corina Machado, ne puisse pas concourir, non plus que celle qu’elle avait choisie à sa place. C’est le nom d’Edmundo Gonzalez Urrutia qui a pu être inscrit au dernier moment, et de façon provisoire jusqu’à ce qu’une personnalité plus en vue ne vienne le remplacer. Finalement, l’affable ancien diplomate, inconnu mais rassurant et complémentaire de la bouillante Maria Corina Machado, devrait bien être le principal rival de Nicolas Maduro, qui se présente naturellement à sa propre succession.
Le quart de la population vénézuélienne a déjà voté avec ses pieds, choisissant l’émigration dans les autres pays d’Amérique latine, aux États-Unis et en Espagne pour échapper à la misère et à la répression. Ces 7 à 8 millions de citoyens émigrés, qui ne sont évidemment pas des « Maduristes », ne pourront pas participer au scrutin, pour des raisons matérielles, en l’absence des structures consulaires ou des procédures qui seraient nécessaires pour qu’ils puissent le faire depuis l’étranger.
La défaite ou le coup d’État
Malgré tout, si l’élection se déroule normalement, la victoire du candidat de l’opposition promet d’être écrasante dans un pays en ruines. Et seul un miracle ou un coup de force pourrait sauver Nicolas Maduro de la menace que fait peser la démocratie sur son régime.
Alors que les préparatifs de la fraude massive se précisent (les observateurs désignés par l’Union européenne ont d’ores et déjà été priés de plier bagages), Maduro a tout de même décidé de tenter le coup du miracle. Dans un accès de mysticisme, et même de repentance, il s’est récemment adressé directement à Dieu, devant une assemblée de pasteurs évangélistes : « En tant qu’autorité de la patrie, je Te demande pardon au nom de mon gouvernement et de mon peuple pour tous ces péchés, d’orgueil, de cupidité et de convoitise » (d’après France Info). Éclair de lucidité ou pirouette pour tenter de séduire l’électorat évangélique, au Venezuela aussi les prochaines semaines s’annoncent pleines d’incertitude.
À lire, parmi les rares magazines consacrés à l’Amérique latine en France, le dernier numéro de l’excellent El Café Latino intitulé « Le foot en Amérique latine » avec notre contribution : « Independiente del Valle, le sourire de l’Équateur ».